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La place de la santé dans le parcours d’intégration en France des personnes migrantes primo-arrivantes

En 1946, la santé est définie par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) comme étant « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Droit fondamental selon l’OMS, la santé est au centre de tout au cours d’une vie humaine, cependant, nous avons constaté que l’accès à la santé n’est pas universel et dépend souvent de facteurs socio-démographiques qui caractérisent la vie d’une personne. En nous basant sur plusieurs ressources bibliographiques telles que l’enquête ELIPA 2 paru en janvier 2024, nous allons nous intéresser dans cet article à la place de la santé physique et mentale dans le parcours d’intégration des personnes migrantes primo-arrivantes qui par leurs arrivées en France, mais aussi par le parcours de vie peut cumuler plusieurs formes de vulnérabilités.

Pour amorcer notre réflexion, nous allons donc donner la définition que nous allons faire ici du terme primo-arrivant. Cette définition pouvant être changeante selon les acteurs agissant dans ce secteur, nous allons l’aborder ici dans le sens de toute personne étrangère récemment arrivée en France et souhaitant s’y installer durablement. Il est important de souligner que dans le cadre de l’enquête ELIPA 2, cette définition précise que les primo-arrivants proviennent de pays extérieurs à l’UE des 28 et ont un statut régulier depuis au moins un an. Toutefois, il convient d’observer une certaine prudence lors de l’utilisation de ces données, du fait qu’elle ne reflète pas les diverses réalités et population existant sur le terrain. En effet, les différentes formes de vulnérabilité peuvent s’illustrer dans le contexte des mouvements migratoires et se traduire également par des problèmes de santé à l’arrivée des individus. Selon l’économiste de la santé et chercheur Jean-Baptiste Combes (2019), bien que les personnes arrivant en France soient en bonne santé, les difficultés rencontrées pendant leur parcours migratoire et les conditions de vie à l’arrivée peuvent entraîner une dégradation de leur état de santé. Cela s’applique par ailleurs à la santé mentale qui selon l’enquête ELIPA serait chez 47% des primo-arrivants fragiles (personne étant sur le territoire depuis un an dans cette étude) à 47% se disant avec une santé mentale fragile. À cela est ajouté qu’environ un primo-arrivant sur 10 verrait sa santé mentale se dégrader entre 2018 et 2022 avec les questions d’isolement et d’appartenance de l’individu ainsi que celle du sentiment de sécurité dans le territoire d’accueil, pour ici la France.

Cela peut illustrer les enjeux présents en France autour de l’accueil fait aux populations migrantes, et montre ainsi les difficultés du système, notamment lorsque cela concerne l’accès aux soins. Effectivement, c’est ce que l’économiste Jean-Marie André et l’anthropologue Fabienne Azzedine expliquent dans leur publication que l’ouverture des droits à la Protection Universelle Maladie (PUMa) ne peut se faire qu’avec titre permettant une situation régulière à la personne, dans le cas contraire la personne sera réorienter vers le dispositif Aide Médicale de l’État (AME). En attendant l’ouverture de ses droits, il devra pour ses soins s’orienter vers les Permanences d’Accès aux Soins de Santé (PASS) qui servent à faciliter l’accès aux soins des publics sans droits et/ou précaire à travers des consultations sociale couplée aux soins de médecine générale. L’enquête ELIPA 2 explique également que « un primo-arrivant sur 10 accédants à la PUMa ou l’AME s’est déjà vu refuser une consultation médicale ». Ce constat ne fait qu’effleurer la complexité entourant le non recours au soin de personnes primo-arrivantes. Le Docteur Marie Cortier Explique dans sa thèse par exemple que ce non-recours peut être expliqué par une mauvaise connaissance des droits dont les primo-arrivants pourrait jouir en arrivant en France. Les différenciations de prise en charge peuvent par ailleurs être expliqué par des difficultés financières, des différences culturelles ou encore la barrière de la langue qui pour cette dernière grâce à l’initiative de certain peux être évité par exemple avec l’utilisation de site tel que Traducmed. De plus, cette difficulté d’accès aux soins se double à travers une priorisation des besoins qui relègue la santé au second plan derrière le travail et la recherche d’un logement.

Pour conclure, nous pouvons dire que la situation des migrants primo-arrivants révèle certaine lacune dans le système d’accueil de notre territoire, qui s’expose ici à travers la santé, mais qui en réalité peut s’illustrer dans chaque domaine de la vie d’un individu comme le logement par exemple. Ces difficultés soulignent la nécessité d’une meilleure prise en charge et d’une approche plus inclusive pour garantir le bien-être physique et mental de tous, indépendamment de leur statut migratoire.

Réfèrences :

André, J. & Azzedine, F. (2019). 6. Les migrants bénéficient-ils (vraiment) d’un accès facile aux soins ?. Dans : Jean-Marie André éd., La santé des migrants en question(s) (pp. 75-86). Rennes: Presses de l’EHESP.

Cortier, Marie. s. d. (2019) « Parcours de soins des personnes migrantes primo-arrivantes ayant consulte au pôle de santé d’un centre de premier accueil ».

Cortier, Marie. (2019). « PARCOURS DE SANTE DES PERSONNES MIGRANTES PRIMO- ARRIVANTES EN FRANCE ».

Simon Combes, J. (2019). 2. Quelles conditions de vie et de santé en migration et en terre d’accueil ?. Dans : Jean-Marie André éd., La santé des migrants en question(s) (pp. 27-37). Rennes: Presses de l’EHESP.