Pour cerner la notion de public précaire, nous pourrions nous référer à la définition établie par un rapport de la DREES datant de l’année 2000, qui le décrit comme « l’absence d’une ou plusieurs sécurités permettant aux personnes et familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et jouir de leurs droits fondamentaux”.
Par l’aspect cumulatif que revêtent les différentes formes de précarité, cette situation en devient alors un cercle vicieux pouvant s’illustrer à travers des barrières relevant de la mobilité, des difficultés financières, de logement, ou encore de santé. Ainsi, selon le bilan de 2023 de la feuille de route « santé mentale et psychiatrie » s’inscrivant dans la poursuite des objectifs de la stratégie nationale de santé. La santé mentale peut contribuer à la précarité dans la vie d’une personne, notamment en ce qui concerne l’accès aux soins. Ce phénomène peut être expliqué par divers types de difficultés, telles que les troubles psychologiques, linguistiques et d’accessibilité, ce qui peut accentuer les problèmes de santé d’une personne. Pour illustrer ce propos, une étude de la DREES datant de 2021 explique qu’une personne ayant tendance à se priver d’un certain nombre de biens essentiels aurait également tendance à faire de même pour sa santé. Cette étude explique par ailleurs qu’une personne en situation de précarité, spécifiquement financière, augmenterait par trois sa possibilité de non-recours aux soins.
Ainsi, la tendance cumulative des différentes formes de précarité agirait donc par ailleurs sur la santé mentale des individus avec la création ou le renforcement de troubles psychologiques chez l’individu et renforcerait la situation de précarité de la personne en y ajoutant une nouvelle dimension. Selon une note de cadrage de l’HAS, la COVID-19 aurait eu un effet positif sur la médiatisation des différents sujets entourant la santé mentale, mais par ailleurs la levée du tabou l’englobant. L’HAS introduit alors la santé mentale comme étant une priorité à traiter en apportant des pistes de réflexion sur les différents types de trouble, mais également des axes d’amélioration de prise en charge, s’alignant alors sur les objectifs de la feuille de route « santé mentale et psychiatrie ». Cette nouvelle prise en compte de la santé mentale renforce différentes stratégies comme le plan national de santé publique ou le plan régional de santé portant un accent sur la santé mentale, et permettant par ailleurs des initiatives au niveau des collectivités, avec, par exemple le contrat local de santé. Cette réalité et ses différentes initiatives exposent également que les personnes en situation de précarité doivent être accompagnées afin de leur garantir une amélioration de leurs conditions de vie à travers une prise en charge par différents dispositifs qui peuvent exister comme les LHSS, LAM, et une possible réorientation à la sortie de ses derniers vers des CHRS et ACT. Ces dispositifs rencontrant des personnes non seulement en situation de précarité, mais dans certains cas présentant des troubles psychologiques expliqués par leurs situations, ou par leurs passés.
Ainsi, afin de permettre une entrée dans le parcours de soins, mais également une réintégration dans ce dernier, la prise en charge doit permettre une ouverture vers les différents champs du social, du médico-social et du sanitaire avec un décloisonnement qui permettront, selon une enquête de la fédération des acteurs de la solidarité publiée en 2023, une meilleure collaboration des dispositifs, donner une meilleure visibilité de ces derniers, mais également une meilleure compréhension des rôles des différents acteurs pouvant agir dans l’accompagnement des individus. Cela étant permis actuellement à travers certaines démarches territoriales comme avec les contrats locaux de santé par exemple. Enfin, l’évolution des différents champs du social dans le but d’accéder à un meilleur accompagnement des individus, est une initiative à “soutenir et encourager” selon la même étude à travers l’acquisition de plus de moyens financier et humain.
Si cet article vous a intéressé à ce sujet, vous pouvez retrouver les différentes sources utilisées à son élaboration dans le corps du texte, mais aussi d’autres sources pouvant approfondir les différents sujets abordés.
Noël, Guillaume. 2018. « À propos ». Pratiques en santé mentale 64e année(1):56‑57.
Anon. s. d. « Décloisonner les pratiques pour favoriser le parcours de vie des personnes en souffrance psychique | CEAPSY – Ile de France ». Consulté 6 février 2024
Glossaire :
DREES : Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques
HAS : Haute Autorité de Santé
LHSS : Lit Halte Soins Santé
LAM : Lit d’Accueil Médicalisé
CHRS : Centre d’hébergement et de réinsertion sociale
ACT : Appartement de Coordination Thérapeutique